Raconte-moi… “Jaguar”, de DJ Rolando

Jaguar

JaguarDJ Rolando

I believe I’m broken.

 a

And that’s not me asking for your help. I’m sick of people trying to help me, trying to figure out what’s going on. If I wanted you to know you’d already knew, ok? You can’t help me. Some can but you, you can’t. It’s not that easy.

 a

I’m stuck. Not as a fly would be stuck in a spider web, oh no. I’m a moron spider stuck in its own web. I made it so sticky even I can’t get out. Can’t find the way out.

Unless I just don’t want to. It’s easy being broken. You just lay, there. Of course you have things to do, papers to write, work and deadlines and so on. But who cares? Who gives a single fuck?! I don’t. I. Don’t. Care. I don’t even care that people are actually caring. Fuck them and fuck the whole thing. Screw everyone and everything ’cause things are fucked up. The world is fucked up. So why bother? Why even try, harder and harder, to make things better? Someone will destroy what you make at some point.

I know I may sound bitter. It can’t be as bad as I say it is right? Surely I must be exaggerating. Yeah, that’s it: I’m just a lonely, broken soul spitting its awkwardness in the face of the world because it can’t deal with it. Or am I?

 a

 a

One day I’ll laugh at myself for all these days and nights that were slipping through my fingers while I was just lying on my bed and waiting. And maybe, this one day, I’ll finally know what I was waiting for.

Raconte-moi… “Ballad for Space Lovers”, de Space

Ballad for Space LoversSpace

a

Assis sur son lit, il pense à elle.

Dehors, il n’y a pas de pluie pour battre sur les carreaux. Pas l’ombre d’une goutte pour parfaire son cliché. Il aimerait ça pourtant. Entendre l’eau s’éclater sur ses vitres avant de ruisseler paresseusement. Mais non ; dehors il fait simplement gris. Juste gris. Même la lumière est triste.

Il pense à elle.
Il pense à ce qu’il voudrait faire avec elle. À ce qu’il voudrait partager avec elle.

Des balades nocturnes en solitaire mais à deux, à discuter de tout et de rien sous les étoiles et les lumières de Paris. Des après-midi à ne rien faire d’autre qu’être ensemble. Des matins à la réveiller de baisers.

Des massages. Des séances de cinéma. Des regards qui se croisent et qui créent des sourires, car la séduction entre eux ne s’éteint pas, jamais. Du temps qui passe vite, toujours si vite.
Toujours trop vite.

Lui raconter comme il aime son odeur. Comme il aime sa peau, ses yeux, son nez, sa bouche. C’est banal quand c’est dit ; ça ne l’est pas quand c’est ressenti. La puissance des sentiments, et surtout des leurs.

Elle était sa muse. C’était le hasard, le hasard fait de coïncidences qui l’avait mise sur son chemin. Il ne l’avait plus lâchée, jamais. Cela aurait été trop douloureux. Non, il aurait préféré subir n’importe quoi pour être avec elle. Tout pour être avec elle ne serait-ce qu’un instant. Ne serait-ce qu’une seconde. Tout pour l’entendre rire et lire dans ses yeux ce qu’elle n’osait pas dire. Avoir une chance de la serrer contre lui, de créer un moment rien qu’à eux que personne ne pourrait leur voler.

Il y avait tant à dire. Tant à faire. Vivre, vivre avec elle. Magnifier le quotidien par la seule force d’être ensemble.

a

Dans sa main, il tient une photo d’elle. Une des rares photos d’elle.

Il pleure.

a

a

a

Raconte-moi… “Samskeyti”, de Sigur Rós

SamskeytiSigur Rós

a

Assis sur le rivage, il contemple la Lune et s’y perd.

Le temps n’existe plus.
Le temps n’existe pas.
Le bruit des vagues a depuis longtemps cédé la place à ces notes qui tournent en boucle, sans que jamais il ne les arrête. Samskeyti, de Sigur Rós.

C’est le passé qui l’assaille, qui l’entoure. Qui l’étreint. Comme une mâchoire qui l’attrape pour l’emmener au loin, parmi les souvenirs.
Rien que les souvenirs.

Il pense à elle.

a

Il ne sait plus quand il l’a vue pour la dernière fois. Il y a cinq ans… ou bien deux jours, peut-être ?
Le temps n’existe pas.
C’est hier qu’ils se sont embrassés pour la dernière fois. Hier. Il y a une éternité.
Il se souvient de leur premier baiser. Le temps n’existait plus.

Les lèvres douces. La peau, ferme sous ses doigts. La langue joueuse. Et ce sourire.
Ce sourire espiègle. Malicieux. Mutin. L’envie qui en émanait.

Et les taches de rousseur, les taches de rousseur constellant un visage déjà si lumineux.

a
Ils se comprenaient, tous les deux. Mieux que quiconque. Mais ils devaient rester loin l’un de l’autre, séparés par l’interdit.

Leurs seuls moments ensemble, ils les volaient. Ils les volaient aux gens, ils les volaient au monde. Ils les volaient au temps lui-même, criant à l’univers qu’ils n’y avaient qu’eux qui décidaient, et qu’eux aussi pouvaient choisir.
Ce qui était faux.

Mais il fallait se voir. Il leur fallait trouver des instants à eux, s’offrir au moins ça. Le plus souvent possible, le plus longtemps possible. Le plus fort possible, car ce serait toujours trop court.
Jamais assez, car jamais de toujours.

Ce qu’il y avait entre eux était immense, mais ils le taisaient. Ils ressentaient, ils savaient. Parler c’est rendre tangible, et ils n’avaient pas le droit d’exister. Pas ensemble.

Mais ils ne pouvaient pas s’en empêcher. Et ils ne le voulaient pas.

a

La Lune décline dans le ciel, laissant son royaume mourir sous les rayons du Soleil. Lentement, il sort de sa torpeur. Il partirait bien avec elle.
Le son des vagues se rappelle à lui, remous cyclique et immuable, à peine perturbé par le crissement du sable sur lequel on marche. Quelqu’un approche.

Serait-ce possible… ?