Notre quatrième Current Crush est l’occasion d’accueillir @etioun, aka Étienne (et il adore qu’on l’appelle par son prénom, alors n’hésitez pas).
Etioun a 24 ans (plus pour très longtemps), il a fait son mémoire de Master 1 sur la culture geek – je l’ai lu, c’était bien – et il a enchaîné avec un Master 2 Pro Gestion Editoriale et Communication Internet (ça lui permet de dire qu’il est journaliste mais je suis sûr qu’il a pas sa carte de presse). Comme il a arrêté de bloguer, il peut se consacrer à son groupe de rock Made in Nowhere sur lequel il convient de jeter une oreille, parole de Saeptem.
Le bougre aimant bien écrire, il nous a sorti un petit texte de sous son chapeau.
“Avant d’être musicien je suis surtout mélomane et je n’envisage pas ma consommation musicale autrement que comme une succession de current crushes. Chaque morceau doit être ingéré en boucle, jusqu’à digestion définitive. Chaque accord, chaque break, chaque montée est intégré jusqu’à épuisement total du sujet. Avant de passer à la suite.
Rien que cette semaine ont tournés en boucle dans mes esgourdes Laura de Bat for Lashes, Skinny Love de Bon Iver (redécouvert après saturation radiophonique du massacre perpétré par Birdy), Armed for Peace de Suuns, Je bois et puis je danse d’Aline ou encore Vision de Stupeflip (découvert ici-même).
Je ne choisis pas vraiment, ça me tombe de dessus, comme ça. On touche là au divin, au presque biblique.
C’est dans ces conditions que j’ai découvert A Little Biblical, un titre résolument pop emmené par le groupe Band of Horses.
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A Little Biblical – Band of Horses
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Eux, je les connaissais de nom. Ils figuraient sur cette longue liste des groupes qu’il faudrait que j’écoute un jour. Ils ouvraient surtout avec ce titre le CD de la rentrée en supplément des Inrocks il y a deux semaines.
Passé inaperçu à la première écoute, le titre a résonné étrangement dans ma boite crânienne. Je l’ai tellement écouté ensuite qu’il m’a coûté l’intégralité de mon temps d’écoute sur Deezer (je n’ai pas Spotify au travail, ne me jugez pas.). Depuis, pas un jour ne passe sans que j’aille à la rencontre de ce nouveau monde un peu désenchanté.
Car sous ses airs de ravi de la crèche, le morceau tape dans le désespéré. Vindicte contre une culture d’impatience et d’impulsivité (et de rupture amoureuse aussi, soyons clair). Mais au final on s’en branle, parce que cette chanson elle peut bien te parler de gâteau au chocolat si elle veut : ce qui fait sa force c’est sa structure terriblement efficace, les marquages à la fin des couplets, le pont tout en douceur qui amène ce solo de guitare simplissime mais génial et cette mélodie imparable qui te colle au cerveau comme la tique sur le ventre du chat. En moins de 3 minutes, sans chute de rythme, c’est la victoire par KO. Désemparé, je n’ai eu d’autre choix que d’écouter ça en boucle, dans l’espoir, peut-être de me libérer de son emprise. Mais non, j’opine du chef à chaque écoute et en redemande encore.
Et puis je m’y sens bien moi dans ce petit monde tout cassé, avec son eau qui coule et ses autres trucs… whatever. Cette chanson me fout la pêche autant qu’elle me « mélancolise ». Elle active en moi une nostalgie vivifiante. Oui voilà, c’est vivifiant. Et moi, j’aime bien être vivifié. Ce contraste entre forme enjouée et fond complètement triste ça me parle assez, parce que ça me rappelle ce que je suis sans doute (parfois). Cette chanson c’est un peu moi en fait. Et du coup, je ne me sens pas encore à prêt à passer à la suite… et préfère m’accrocher. Et risquer l’indigestion.
Deux semaines et pas une seule seconde de lassitude. Je ne sais pas si cela fait d’A Little Biblical un grand morceau, mais ça fait de lui mon grand morceau. En tout cas pour l’instant.”