L’hôte de ce premier Current Crush est @Dizwix, aka le Dandy, aka Georges (mais ça, il ne faut pas trop le dire).
Dizwix a 17 mais il est déjà étudiant en droit à Paris Descartes parce qu’il fait bien semblant d’être intelligent. Quand il n’embarque pas les gens dans son délire en le faisant téléphoner avec des GameBoys, il écoute de la musique “dérangée et dérangeante”.
Pour ouvrir le bal, il a choisi de nous écrire un petit texte, alors je lui laisse la parole.
“ Quand le taulier du coin m’a entretenu de son projet de rubrique, j’ai immédiatement signé l’acte de vente et hypothéqué mon âme. Pourquoi ? Parce que ça fait partie de mes loisirs, bon sang !
En réalité, ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti cette période d’extase musicale, période où l’on peut écouter le même morceau, encore et encore et encore, jusqu’à ne plus pouvoir l’écouter, par total écoeurement. Les questions qui s’imposaient s’imposèrent : “N’aime-je plus la musique ?” “Devrais-je essayer de diversifier mes goûts ?” “Suis-je obligé d’utiliser ces tournures de phrases immondes ?”.
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Puis, tout a changé. Boum, on repart, c’est la fête, youpi : le 17 Septembre 2012 marque la sortie de “Terrora !!“, dernier né du groupe Stupeflip, groupe que je ne me risquerai pas à vous présenter, d’autres gens font ça beaucoup mieux que moi. On retiendra juste que c’est un immense clusterfuck de hip-hop, de punk-rock et de variété Française.
Mais, étant un éternel insatiable (c’est mon côté Dandy), je me suis amouraché d’une chanson en particulier. Une chanson qui ne se trouve PAS sur cet album. Enfin, elle s’y trouve mais pas vraiment.
Je vous explique : pour les chanceux ayant eu l’occasion de le précommander, l’album contenait une septième piste, cachée à la fin du dernier morceau. Je ne concevais pas ce maxi autrement que dans sa globalité, il me le fallait. Mettant à profit mes qualités de recherche sur Google, je finis par le trouver, dans un obscur rip. Après l’avoir réencodé comme il se devait, je m’attelai à son écoute. C’est donc bien de ce morceau que je veux vous parler.
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Ce morceau, c’est Visions.
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Comment expliquer Visions ? Le charme de ce morceau vient de son minimalisme. Ici, King Ju ne rappe pas, il ne chante pas : il parle, vaguement en rythme, sans trop l’être, se tapant allègrement des rimes; l’important ici est la narration, il nous raconte une histoire, à sa façon, dans un style immédiat, Cadillac lui-même nous le précise “Je vais vous raconter une histoire, que vous n’avez jamais entendue”.
On sent que le texte a été écrit en une fois, comme il le signale au début “Je suis assis dans un café, j’attends le café, parce que sans lui j’peux pas écrire ce texte.” Il a l’air d’écrire de façon automatique tout ce qui lui passe par la tête, allant d’idée en idée, s’énervant parfois, tout en restant finalement mordant, acide et plutôt malsain (mais c’est ce qu’on aime), l’instru soulignant l’ambiance du morceau : angoissée et mélancolique.
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Finalement, Visions est l’histoire d’un type qui ne sent plus à sa place dans son époque, mais se rattachant à ce qu’il fait de mieux : la musique. Car ici tout tourne autour de l’artiste, l’artiste hors du monde et la réalité de l’artiste dans notre siècle avec tous les compromis qu’elle implique : devoir accepter les petits boulots “même avec des trajets de deux heures, genre Boissy Saint-Léger”, être obligé de prendre une guitare sèche “pour faire un truc genre toi, plus moi, plus tous ceux qui le veulent” pour faire vendre.
Julien (car c’est finalement Julien et non King Ju qui se dévoile) fait tomber les masques (ou plus précisément la cagoule) et se montre tel qu’il est, hors de Stupeflip, qui n’est qu’un projet artistique : on lui demande ce qu’il a fait, il répond qu’il “a fait Stupeflip” et non qu’il est dans Stupeflip et a fortiori qu’il est Stupeflip.
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En fait c’est ça, Stupeflip : tu peux dire ce que tu veux dessus, t’auras jamais fait le tour.
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PS : Michel Blanc, c’est un génie. Il fait de la muscu. Il a une petite bite, mais il fait de la muscu ! ”